Outre-fables

Il me plait de croire, puisque personne ne le saura jamais, que si La Fontaine m'avait lu, il m'aurait adoré

Cochon qui s’en dédit


Jeu de mots laid d’auteur bête.

Un nourrain littéraire hébergé par sa ferme
Menait rêveusement sa poésie à terme.
« Ah ! Des vers de cochon ! soupirait-il, songeur.
J’aurai couché les mots débordant de mon cœur. »

Au jour du point final, il grimpe sur l’estrade
Pour clamer aux copains (1) l’artistique tirade ;
Ceux-ci tendent leur queue à tirer le bouchon,
Se demandant si c’est de l’art ou du cochon.
cochon1« C’est de moi, leur dit-il. Mais c’est de l’art quand même. Il me plairait d’offrir et signer ce poème À celui qui revient, en meilleur concurrent, Le plus propre possible et le moins odorant. Et tandis que chacun se rend à sa toilette, Le nourrain se parfume avec l’eau de poète ; Celle qui sent la rose, et la vie, et l’amour, Les champs et les oiseaux, et la beauté du jour, Alors que chez les porcs, d’habitudes fâcheuses, On se lave au lisier d’effluences douteuses.
cochon2Lorsque parait l’aède avec son prix d’auteur On se bouche le groin devant sa puanteur, Et lui s’étonne qu(e)', écoutant leur nature, Nul d’entre eux n’ait pensé se laver à l’eau pure. Sans vainqueur, pense-t-il, je m’offre un contredit, Et le public dira : cochon qui s’en dédit ! Or qu’en face de lui la foule s’exaspère D’attendre le vainqueur dans cet air délétère. Il fit venir un porc pour tenir son serment, Porc n’aimant pas l’odeur de son raffinement, Il lui dédicaça ses vers, sa prosodie, Pour qu’on dise de lui : cochon qui sent dédie ! (1) Copains comme cochons, on dit à ce qu’il semble De ceux ayant gardé les porcs sales ensemble.

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Cette entrée a été publiée le 26 septembre 2016 par dans Mammifère, Omnivore, Porcin, Suidé, et est taguée .