Outre-fables

Il me plait de croire, puisque personne ne le saura jamais, que si La Fontaine m'avait lu, il m'aurait adoré

Les chiens écrasés



Du désintéressement…

Un malheureux bâtard, né de père inconnu,
Était, tête de mule, un beau jour parvenu
À savoir qu’un renard tenait une rubrique
Où l’essentiel comptait moins que l’anecdotique :
Des histoires de rien, de veuve, d’orphelin ;
Juste le bruit de fond que fait le patelin.

Comme ce bruit touchait à la race canine,
Peut-être s’y cachait sa souche d’origine…

« Hélas ! dit le rouquin à son premier lecteur,
Je ne peux que t’offrir infortune et malheur.
Depuis qu’on a construit des routes de plaisance,
J’ai bien plus de décès que d’actes de naissance.
Si par hasard ton vieux est passé par ici,
Le sort et les chauffards nous l’auront aminci ! »

« C’est ainsi, dans le coin, que le destin se joue,
Et voilà que mon père a fini sous sa roue.
Il me faut rendre hommage à ces chiens écrasés
Qui servent de tapis aux dieux motorisés. » (1)

« Je vais l’écrire, tiens, mais séance tenante,
On dira qu’on s’en fout comme de l’an quarante ! »

(1) Des gens auto-vantards, plus tragi que comiques, 
Qui, pour fanfaronner, roulent des mécaniques.

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Cette entrée a été publiée le 10 avril 2020 par dans Canidé, et est taguée .